MONTRÉAL—Le Bureau du coroner du Québec a publié son rapport sur la mort de Christine Vadnais, attaquée en 2016 par un chien faussement identifié comme un pitbull dans les médias.
À la suite de cet événement tragique, la Ville de Montréal et d’autres municipalités ont pris des mesures en vue d’interdire les chiens de type pitbull, tandis que la province de Québec a présenté le projet de loi 128 visant également à interdire certaines races de chien dans toute la province. Le coroner, Dr Ethan Lichtblau, conclut dans son rapport que :
Ewa Demianowicz, responsable de campagne chez Humane Society International/Canada, a fait la déclaration suivante :
Aidez-nous à dire non aux lois spécifiques aux races au Québec.
« Dès le départ, nous avons averti la Ville de Montréal qu’interdire certaines races de chien n’est pas une mesure efficace pour éviter les morsures. Pourtant, nos représentants élus ont choisi d’ignorer des données scientifiques solides et l’avis de plusieurs experts en adoptant une interdiction insensée des pitbulls et des chiens de type pitbull. Le rapport du coroner est le plus récent d’une longue liste de témoignages d’experts et d’études qui concluent qu’une gestion responsable des animaux devrait tendre à éviter les lois visant des races particulières et porter plutôt sur une meilleure éducation du public, l’application des règlements et la responsabilisation des propriétaires. »
Il est absolument déchirant de lire dans le rapport que ce tragique événement aurait pu être évité si seulement la municipalité avait assuré un suivi sur les incidents de morsures précédents impliquant le même chien. L’inaction des autorités et la non-application des règlements déjà en vigueur ont contribué à ce que survienne ce tragique événement, mais nos gouvernements continuent malheureusement de se servir des pitbulls comme boucs émissaires. De plus, le fait que le chien en question ait été négligé et maltraité ne fait que souligner l’importance de responsabiliser les propriétaires de chiens.
Comme l’indique le rapport, la Ville de Calgary, qui a adopté une approche fondée sur la responsabilisation des propriétaires, a réussi à réduire de 78 % le nombre d’incidents impliquant des chiens sans recourir à l’interdiction de certaines races. Cette approche a fait ses preuves et devrait servir de modèle pour tous les gouvernements du pays.
Nous espérons que les conclusions du coroner nous permettront d’adopter des lois plus humaines, efficaces et applicables et qui protégeront réellement le public. Nous appelons la Ville de Montréal à abroger sa législation visant des races particulières.
Les faits :
- Le coroner a fait plusieurs recommandations suivant ses conclusions, portant surtout sur la création d’une base de données centralisée des rapports d’incidents impliquant des chiens, l’enregistrement des chiens auprès des municipalités, l’adoption de mesures pour augmenter les taux de stérilisation des chiens et la définition de moyens objectifs et équitables pour déclarer un chien comme étant « dangereux », et en mettant l’accent sur la sensibilisation et l’éducation du public.
- Aucune donnée n’indique que les lois visant des races particulières réduisent le nombre de morsures ou d’attaques de chien, et aucune juridiction n’a pu montrer que ce type de lois améliore la sécurité publique. Après plus de 10 ans d’interdiction de certaines races en Ontario, le nombre de morsures de chien est plus élevé que jamais. Ces lois sont coûteuses, ne peuvent être appliquées efficacement et causent inutilement du tort aux familles, aux chiens et aux collectivités.
- La meilleure façon d’éviter les morsures de chien est la sensibilisation proactive de tous les secteurs de la communauté. L’Association canadienne des médecins vétérinaires et l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec ont des énoncés de position clairs à l’encontre de la législation visant des races particulières.
- Les experts ont systématiquement montré qu’aucune race n’est plus susceptible de mordre qu’une autre. Les facteurs étant scientifiquement liés à l’agressivité chez les chiens sont la négligence, la non-stérilisation et le fait qu’ils soient victimes de violence; des lois efficaces pour assurer la sécurité publique se concentrent sur ces aspects plutôt que sur l’interdiction inefficace et dommageable de certaines races.
- Dans les trente dernières années, six individus ont été tués par des chiens au Québec. Des huit chiens impliqués dans ces morts, sept étaient de type husky, et la race du chien impliqué dans la mort d’une Montréalaise en 2016 n’a pas été déterminée avec certitude. Notons que les lois interdisant certaines races visent rarement d’autres chiens que ceux de type pitbull.
- En avril dernier, le gouvernement du Québec a présenté le projet de loi 128, qui lui donnerait de nouveaux pouvoirs pour imposer des restrictions à certains chiens et à leurs propriétaires ainsi que l’interdiction de certaines races. La loi proposée vise spécifiquement les chiens de type pitbull et les rottweilers, ainsi que les chiens croisés avec ces races. Le projet de loi n’a pas encore été adopté.